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FFCP 2014 : quatrième jour − 31 octobre

A Bloodthirsty Killer

La section classique du FFCP 2014 se focalise sur les films d’horreur. Et pour cette première séance, nous avons eu le droit à A Bloodthirsty Killer (Lee Yong-min, 1965). Amateurs de films de série B, ce long métrage est fait pour vous !

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Lee Shi-mook, se rendant à une exposition, découvre le portrait peint de son ex-femme, disparue depuis 10 ans. Dans des circonstances étranges (nous sommes le jour des morts, et les cadavres sortent de leur tombe), il rencontre le peintre du portrait, qui lui confie le tableau avant de se faire assassiner par un fantôme, qui n’est autre que l’ex-femme de Shi-mook. Celui-ci retrouve sa famille (sa mère, sa seconde épouse et ses trois enfants). Mais le fantôme le suit et tourmente ses proches. Quel terrible secret cachent donc sa mère et sa compagne, qui expliquerait pourquoi le fantôme crie vengeance contre elles ?

Comme précisé plus haut, ce film est à réserver aux amateurs de série B, dont je fais partie. Avec ses effets spéciaux et ses maquillages qui ont très mal vieillis (le film date de 1965, rappelons-le), mais sont succulents (mention spéciale au combat entre Shi-mook et la chat Na-bi qui a pris l’apparence de sa mère !), et les absurdités du récit (une bonne sortie de nulle part qui s’intègre en pleine nuit à la maisonnée et kidnappe les enfants sans soulever la moindre interrogation de Shi-mook par exemple), on savoure A Bloodthirsty Killer et on en redemande !

10 Minutes

Comme annoncé dans la brochure du FFCP, 10 Minutes est « un des films les plus intéressants de l’année, sans qu’il soit pour autant facile de le justifier ». Je pense que le long-métrage de Lee Yong-seung ne plaira pas à tout le monde, mais qu’il saura toucher le cœur d’une tranche d’âge particulière, celle des jeunes adultes, qui risquent fortement de s’identifier au personnage principal. Jugez plutôt ICI.

The Terror Live

Sorti l’année dernière, réalisé par Kim Byung-woo, The Terror Live est un huis-clos haletant qui propose une image peu flatteuse des medias.

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Young-hwa, ancien présentateur du 20 h rétrogradé en animateur radio, traite de thématiques sociales et politiques dans son émission avec ses auditeurs, qu’il prend au téléphone. L’un d’eux, se présentant comme un ouvrier, révèle à Young-hwa hors antenne qu’il va faire sauter un pont et met immédiatement sa menace à exécution. Une explosion retentit près de la tour abritant la chaîne de télévision et la station de radio où Young-hwa travaille. Mais au lieu de prévenir immédiatement la police pour révéler l’identité du terroriste qu’il est le seul à connaître avec son équipe, Young-hwa va tenter de récupérer le scoop à son avantage et négocier avec sa direction pour reprendre son poste de présentateur du journal télévisé. La direction du groupe médiatique lui accorde du temps d’antenne et Young-hwa va pouvoir procéder en direct à l’interview du poseur de bombes tout en commentant les images de l’explosion. Mais alors qu’il pensait mener le jeu, le terroriste lui apprend que son oreillette est piégée et demande des excuses en direct de la part du président de la République pour les ouvriers morts injustement lors de la construction du pont à cause de négligences en terme de sécurité, et dont les familles n’ont jamais été indemnisées.

Grâce à l’interprétation sans faille de Ha Jung-woo (The Chaser, Love Fiction), The Terror Live propose une critique crédible des médias. L’unité de temps (les événements se déroulent en continu, presque sans ellipse, du début à la fin) et de lieu (le long métrage prend place uniquement dans les locaux de la radio) contraignent le spectateur à se cantonner aux informations diffusées par le programme télévisuel mené par Young-hwa pour comprendre l’ampleur de la catastrophe qui est en train de se dérouler. Les revendications politiques du terroristes d’une part, et les pressions mercantiles du directeur de la chaîne d’autre part (qui vise une énorme promotion si ce programme dépasse les 70 % d’audience) viennent accabler Young-hwa, qui se retrouve dans un piège dont il sera difficile de sortir. Entre les réactions inflexibles du gouvernement (dont le porte-parole, qui intervient à l’antenne, ne fait qu’attiser la colère du terroriste) et les indications déshumanisées des responsables médiatiques, c’est toute la gestion de cette crise qui est chaotique, d’autant plus que Young-hwa, avec ses espoirs de promotion, n’est pas non plus innocent.

The Terror Live, en plus d’être un bon divertissement qui fait monter la tension tout au long du film, propose une critique politique acerbe et brosse un portrait sans concession des médias. Dommage que le final, versant dans le trop spectaculaire, vienne décrédibiliser le propos. Personnellement, j’aurais aimer quelque chose de plus subtile.

Roaring Currents

Certainement le film le plus attendu du FFCP 2014 (connu aussi sous le nom The Admiral: Roaring Currents). Ayant battu tous les records du box-office coréen avec ses 17 millions d’entrée, le long-métrage de Kim Han-min (War of the Arrows) promettait du grand spectacle. Et je n’ai pas été déçu.

Roaring_Currents

Fin du XVIe siècle. Le Japon envahit le royaume de Joseon. L’armée ennemie sera bientôt aux portes de la capitale. L’Amiral Yi Sun-sin, à la tête d’une douzaine de navires rescapés d’un précédent combat naval, va devoir mener la bataille décisive de Myeong-Ryang, face à la puissante flotte japonaise, qui compte plus de 300 navires.

Yi Sun-sin est un personnage incontournable de l’histoire coréenne, ici interprété avec brio (comme toujours) par Choi Min-sik (Old Boy, J’ai rencontré le diable, Lucy). Le long-métrage se focalise sur la bataille de Myeong-Ryang, qui constitue la majeur partie du récit, ce qui se passe avant n’étant qu’un empilement de scènes prétextes plutôt ennuyeuses pour introduire les différents acteurs de la bataille navale et ses enjeux. Dès que l’Amiral Yi lance l’offensive, on en prend plein les yeux. Que ce soit les costumes, les combats sanglants, les boulets de canon qui font voler en éclat les navires, les détonations, l’orchestration du combat est menée d’une main de maître par Kim Han-min. Et quand on sait que le véritable Yi Sun-sin a réellement mis l’immense flotte japonaise en déroute avec sa poignée de navires, le récit n’en devient que plus jubilatoire. Bien sûr, on n’échappe pas à quelques personnages caricaturaux, mais les dissensions internes dans chaque camp (que ce soit la course aux lauriers dans l’armée japonaise ou la peur et les désertions côté coréen) viennent apporter un peu de profondeur à l’intrigue. Le personnage de Yi Sun-sin tel qu’il apparaît dans le film m’a paru s’inspirer des derniers films de super héros comme on en fait à la chaîne à Hollywood : inflexible sur ses principes, courageux, mais rempli de doutes. Pas très original, mais tous les ingrédients sont réunis pour faire de Roaring Currents une fresque épique, qui sait quand même prendre le temps de sublimer les étendues marines entre deux scènes de massacre dantesques. Au final, peu de choses à reprocher à ce long-métrage, si ce n’est quelques incohérences servant la tension dramatique, l’utilisation (heureusement parcimonieuse) d’images de synthèse de piètre qualité pour offrir des plans originaux mais dispensables, et la présence kitch d’une foule de badauds sur le rivage qui réagissent comme des supporters de foot sur les tribunes à chaque revirement de situation durant la bataille (on se croirait dans un shônen manga !). Kim Han-min confirme avec Roaring Currents qu’il est vraiment devenu le nouveau maître des films d’époque.

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Cette entrée a été publiée le 5 novembre 2014 par dans Dossier, Films, Guerre, Historique, Horreur / fantastique, Thriller, et est taguée .